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Monday 24 October 2016

Le Terrorisme: une menace à la paix n’importe où est une menace à la paix partout.


Below is the translation into French of a post I wrote last November after the attacks in Paris. You can find the original (in English) here: 

http://thechannelforchange.blogspot.co.uk/2015/11/terrorism-threat-to-peace-anywhere-is.html


Je suis assise, paralysée et consternée et j’écris le lendemain des attaques de Paris qui ont jusqu'ici tué 128 personnes. Des personnes innocentes se sont fait tuer pendant un match de football au Stade de France, deux kamikazes ont ouvert le feu et leurs actions ont été d’une telle violence que la nation française a du mal à comprendre. Des bombes ont été détonnées, de nombreux coups ont été tirés dans six endroits ciblés autour de Paris, laissant des corps gisants dans les rues, du sang sur les trottoirs, et la peur dans les cœurs des Français.

J’habite en ce moment en France, pour mon programme d’études à l’étranger et je réside actuellement à Marseille. Je suis donc loin de toutes ces atrocités. Ma première réaction quand j’ai appris ces nouvelles a été le choc. Le premier attentat dont j’ai entendu parler a été celui qui s’est déroulé immédiatement au dehors du stade durant un match amical entre la France et l’Allemagne. Ma première pensée a été que ceci avait été une attaque minutieusement planifiée : pour que les auteurs d’attentat-suicide ciblent des hordes de gens innocents, tout simplement à pour regarder un peu de foot, ensemble avec leurs amis et leur famille, cela a dû exiger beaucoup de préparation. J’ai abandonné toute idée de me coucher de bonne heure,  me suis assise attentivement devant la télé et j’ai regardé le déroulement des événements aux infos. On y a dit que les attentats s’étaient passés à plus grande échelle, y compris dans une salle de concert, dans des cafés et des restaurants. Mon attention s’est immédiatement tournée vers mes amis : cette année beaucoup d’entre eux passent leur année à l’étranger à Paris. En entendant l’écho des coups de feu sur les vidéos et en réalisant l’échelle du désastre, j’ai craint le pire pour eux. Je me suis inquiétée : sont-ils dehors dans ces mêmes rues qui clignotent à travers l’écran plasma?

Je suis allée sur Facebook pour vérifier qu’ils allaient bien. J’ai été soulagée de trouver confirmation grâce à leur statut Facebook m’informant que certains amis étaient sains et saufs, mais je me rendais aussi compte de tous les autres qui n’avaient pas encore confirmé. J’ai commencé à taper des messages frénétiques pour être sûre qu’ils étaient loin du danger. Heureusement en une heure et demie, tous m’ont contacté.  C’était rassurant à chaque fois que je voyais qu’un autre ami s’enregistrait « en sécurité » sur Facebook et je poussais un soupir de soulagement. Cependant la gravité de la situation a vraiment fait mouche quand j’ai lu les réponses de certains de mes amis : certains étaient si proches qu’ils ont même pu entendre les coups de feu des terroristes. J’étais de tout cœur avec eux et au-delà du deuil et du choc tout ce que je pouvais faire était de prier pour eux et pour Paris.

Bientôt, tout le monde a été happé par le drame ; ceux au Royaume-Uni qui n’avaient pas su au début ce qui s’était passé et ont commencé à publier des statuts pour encourager tout le monde à prier pour Paris (#prayforparis) et, à juste titre, à condamner les actes des psychotiques qui avaient pris tant de vies ce vendredi 13 novembre. Des amis ont même vérifié si moi aussi j’allais bien.

Après que le choc initial s’est estompé et que j’ai été rassurée de savoir que tous mes amis étaient en sécurité, je ne pouvais m’empêcher de penser, Voici ce que des gens en Syrie et en Libye vivent tous les jours. La semaine précédente, l’école de l’église où je travaille à Marseille avait reçu une visite du directeur de l’église chrétienne, « L’École de la Paix », avec qui nous sommes associés et que nous aidons en Libye, . L’école a été installée à Tripoli dans une période où la Libye était complètement en ruine : tout avait été réduit en cendres ; il n’y avait pas d’écoles ; les hôpitaux avaient été endommagés et la ville avait sombré dans l’anarchie. Pendant le discours du directeur, mes yeux se sont ouverts à la réalité quotidienne d’un pays déchiré par la guerre et la terreur. Les enfants de cette école n’avaient que des journées scolaires de quatre heures car s’ils se mettaient en route trop tard il y avait un risque élevé que quelqu’un ne les abattent avant qu’ils aient même atteint le seuil de l’établissement. Le directeur de cette école lui-même avait été touché par balles puis menacés d’une arme pendant que ses deux jeunes enfants étaient dans la voiture (l’aînée n’avait que sept ans). Et tout ça se passe dans un pays où la police en pratique n’existe pas et où on ne peut pas enquêter sur des crimes. Je m’imaginais passer mon enfance dans cette situation, me trouvant dans une bataille quotidienne entre la vie et la mort. 

C’est ce que je suis en train de penser maintenant, le jour après les attentats à Paris. Le terrorisme n’est pas quelque chose de nouveau. C’est une réalité quotidienne pour beaucoup de gens. Cela fait des années que nous entendons parler de suicides à la bombe en Iraq, en Afghanistan, en Palestine, en Israël, en Syrie, en Libye… Pourquoi, quand cela se passe à Paris, tout d’un coup, nous réveillons-nous à la réalité et à la gravité de la situation ? Les bulletins d’informations le confirment bien : la France (bien sûr), le Royaume-Uni, les États-Unis, tout le monde pense en bleu, blanc et rouge.

La dernière fois que Paris a été frappée, c’était en janvier 2015. Douze journalistes de Charlie Hebdo ont perdu la vie le même jour que des civils innocents, près de 2,000, ont été massacrés par Boko Haram, le groupe de l’extrémisme islamique terroriste, à Baga, au Nigéria. Je n’ai pas beaucoup entendu parler des attaques à Baga mais j’ai bien été tenue au courant de celles de Paris, et j’ai vu des chefs d’État qui envoyaient leurs condoléances à la capitale française, alors que le peuple nigérien a souffert en silence. Quasiment personne n’a pensé en vert, blanc et vert.

Aujourd’hui, à la suite des attentats à Paris qui ont laissé 128 morts, je suis accaparée toute la journée par les dernières infos des assassinats qui ont eu lieu hier. Les frontières françaises ont été fermées et les chefs d’Etats les plus connus ont annoncé leur solidarité avec la France. Mon fil Facebook est plein d’amis qui ont couvert leurs photos de profils avec le drapeau français pour exprimer leur unité avec le peuple de Paris.

Je suis contente de voir cette humanité. Cet esprit partagé qui prend soin de la souffrance des autres et appelle nos cœurs à prier pour la paix, au point que même ceux qui s’identifient comme agnostiques ou même athées prient pour Paris. Mais je vois aussi l’ironie de tout ça : cette humanité était-elle endormie quand nous avons vu les bulletins d’informations lors de la dernière décennie qui nous avertissaient des attaques suicides à la bombe et la terreur pour les civils innocents en Syrie, en Libye, en Egypte, en Palestine, en Israël, en Afghanistan ( et la liste est longue) ? Moi aussi je suis coupable : je sens un pincement de douleur et de choc quand je vois ces bulletins mais après quelques instants je continue avec ma vie parce que ça ne me touche pas. Ma famille au Nigéria est loin des attentats de Boko Haram donc après un temps j’ai développé une certaine immunisation, même à ça.

Paris m’a ému : ça m’a fait comprendre le sentiment de vivre dans l’effroi lorsque ceux que tu aimes sont en danger de mort aux mains de ces terroristes fous. Cela m’a rappelé que ceci est seulement un exemple parmi tant d’autres. Cela a montré une caractéristique de la nature humaine : nous prêtons le plus d’attention aux choses qui nous touchent directement. Il aura fallu voir l’horreur près de chez nous pour nous rendre compte à quel point c’est horrible.

Les attentats à Paris ont marqué un nouveau tournant : la prochaine fois que je vois ou j’entends parler des attentats terroristes en Syrie ou en Palestine ou dans d’autres pays, je n’écouterai pas seulement pendant quelques secondes puis continuerai à vaquer à mes occupations. Je leur donnerai le temps qu’ils méritent, juste comme j’ai passé du temps à suivre les nouvelles de ce qui s’est passé à Paris, tout en sachant qu’ils partagent les mêmes maux, que ces attaques sont odieuses et perpétrées par des individus malavisés sur des personnes innocentes. Je ne me satisferai plus de ne pas en savoir assez sur la crise au Moyen Orient pour suivre ce qui est en train de se passer. J’irai m’éduquer. Le meurtre est horrible, quel que soit la couleur de peau sur laquelle c’est infligé et quel que soit le pays.

J’aimerais espérer que plutôt que de penser juste en bleu, blanc et rouge nous penserons dans les couleurs du monde. L’idée novatrice de couvrir les photos de profil des couleurs de la République est un excellent moyen de montrer de la solidarité et du soutien avec la France, mais cela laisse les histoires jamais racontées des pays qui vivent cette terreur tous les jours. J’aimerais voir introduire les rayures de défi des drapeaux syrien, libyen, iranien, palestinien, israélien, nigérien, etc. sur les profils Facebook.

La même humanité qui m’a amené à prier pour Paris me poussera à prier pour les autres.