Below is the translation into French of a post I wrote last November after the attacks in Paris. You can find the original (in English) here:
http://thechannelforchange.blogspot.co.uk/2015/11/terrorism-threat-to-peace-anywhere-is.html
Je suis assise, paralysée et consternée et j’écris le lendemain des attaques de Paris qui ont jusqu'ici tué 128 personnes. Des personnes innocentes se sont fait tuer pendant un match de football au Stade de France, deux kamikazes ont ouvert le feu et leurs actions ont été d’une telle violence que la nation française a du mal à comprendre. Des bombes ont été détonnées, de nombreux coups ont été tirés dans six endroits ciblés autour de Paris, laissant des corps gisants dans les rues, du sang sur les trottoirs, et la peur dans les cœurs des Français.
J’habite en ce
moment en France, pour mon programme d’études à l’étranger et je réside
actuellement à Marseille. Je suis donc loin de toutes ces atrocités. Ma
première réaction quand j’ai appris ces nouvelles a été le choc. Le premier attentat dont
j’ai entendu parler a été celui qui s’est déroulé immédiatement au dehors du
stade durant un match amical entre la France et l’Allemagne. Ma première pensée
a été que ceci avait été une attaque minutieusement planifiée : pour que les
auteurs d’attentat-suicide ciblent des hordes de gens innocents, tout
simplement à pour regarder un peu de foot, ensemble avec leurs amis et leur
famille, cela a dû exiger beaucoup de préparation. J’ai abandonné toute idée de
me coucher de bonne heure, me suis assise
attentivement devant la télé et j’ai regardé le déroulement des événements aux
infos. On
y a dit que les attentats s’étaient passés à plus grande échelle, y compris dans
une salle de concert, dans des cafés et des restaurants. Mon attention s’est
immédiatement tournée vers mes amis : cette année beaucoup d’entre eux passent
leur année à l’étranger à Paris. En entendant l’écho des coups de feu sur
les vidéos et en réalisant l’échelle du désastre, j’ai craint le pire pour eux.
Je me suis inquiétée : sont-ils dehors dans ces mêmes rues qui clignotent
à travers l’écran plasma?
Je suis
allée sur Facebook pour vérifier qu’ils allaient bien. J’ai été soulagée de
trouver confirmation grâce à leur statut Facebook m’informant que certains amis
étaient sains et saufs, mais je me rendais aussi compte de tous les autres qui
n’avaient pas encore confirmé. J’ai commencé à taper des messages frénétiques
pour être sûre qu’ils étaient loin du danger. Heureusement en une heure et
demie, tous m’ont contacté. C’était
rassurant à chaque fois que je voyais qu’un autre ami s’enregistrait « en
sécurité » sur Facebook et je poussais un soupir de soulagement. Cependant
la gravité de la situation a vraiment fait mouche quand j’ai lu les réponses de
certains de mes amis : certains étaient si proches qu’ils ont même pu entendre
les coups de feu des terroristes. J’étais de tout cœur avec eux et au-delà du deuil
et du choc tout ce que je pouvais faire était de prier pour eux et pour Paris.
Bientôt,
tout le monde a été happé par le drame ; ceux au Royaume-Uni qui n’avaient
pas su au début ce qui s’était passé et ont commencé à publier des statuts pour
encourager tout le monde à prier pour Paris (#prayforparis) et, à juste titre,
à condamner les actes des psychotiques qui avaient pris tant de vies ce
vendredi 13 novembre. Des amis ont même vérifié si moi aussi j’allais bien.
Après que le choc initial s’est estompé et que j’ai été rassurée de savoir
que tous mes amis étaient en sécurité, je ne pouvais m’empêcher de penser, Voici ce que des gens en Syrie et en Libye
vivent tous les jours. La semaine précédente, l’école de l’église où je
travaille à Marseille avait reçu une visite du directeur de l’église chrétienne,
« L’École de la Paix », avec qui nous sommes associés et que nous aidons
en Libye, . L’école a été installée à Tripoli dans une période où la Libye
était complètement en ruine : tout avait été réduit en cendres ; il
n’y avait pas d’écoles ; les hôpitaux avaient été endommagés et la ville
avait sombré dans l’anarchie. Pendant le discours du directeur, mes yeux se
sont ouverts à la réalité quotidienne d’un pays déchiré par la guerre et la
terreur. Les enfants de cette école n’avaient que des journées scolaires de
quatre heures car s’ils se mettaient en route trop tard il y avait un risque
élevé que quelqu’un ne les abattent avant qu’ils aient même atteint le seuil de
l’établissement. Le directeur de cette école lui-même avait été touché par
balles puis menacés d’une arme pendant que ses deux jeunes enfants étaient dans
la voiture (l’aînée n’avait que sept ans). Et tout ça se passe dans un pays où
la police en pratique n’existe pas et où on ne peut pas enquêter sur des crimes.
Je m’imaginais passer mon enfance dans cette situation, me trouvant dans une
bataille quotidienne entre la vie et la mort.
C’est ce que
je suis en train de penser maintenant, le jour après les attentats à Paris. Le
terrorisme n’est pas quelque chose de nouveau. C’est une réalité quotidienne
pour beaucoup de gens. Cela fait des années que nous entendons parler de
suicides à la bombe en Iraq, en Afghanistan, en Palestine, en Israël, en Syrie,
en Libye… Pourquoi, quand cela se passe à Paris, tout d’un coup, nous réveillons-nous
à la réalité et à la gravité de la situation ? Les bulletins d’informations
le confirment bien : la France (bien sûr), le Royaume-Uni, les États-Unis,
tout le monde pense en bleu, blanc et rouge.
La
dernière fois que Paris a été frappée, c’était en janvier 2015. Douze
journalistes de Charlie Hebdo ont perdu la vie le même jour que des civils
innocents, près de 2,000, ont été massacrés par Boko Haram, le groupe de
l’extrémisme islamique terroriste, à Baga, au Nigéria. Je n’ai pas beaucoup
entendu parler des attaques à Baga mais j’ai bien été tenue au courant de celles
de Paris, et j’ai vu des chefs d’État qui envoyaient leurs condoléances à la
capitale française, alors que le peuple nigérien a souffert en silence.
Quasiment personne n’a pensé en vert, blanc et vert.
Aujourd’hui,
à la suite des attentats à Paris qui ont laissé 128 morts, je suis accaparée toute
la journée par les dernières infos des assassinats qui ont eu lieu hier. Les
frontières françaises ont été fermées et les chefs d’Etats les plus connus ont
annoncé leur solidarité avec la France. Mon fil Facebook est plein d’amis qui
ont couvert leurs photos de profils avec le drapeau français pour exprimer leur
unité avec le peuple de Paris.
Je suis contente de voir cette humanité. Cet esprit partagé qui prend soin
de la souffrance des autres et appelle nos cœurs à prier pour la paix, au point
que même ceux qui s’identifient comme agnostiques ou même athées prient pour
Paris. Mais je vois aussi l’ironie de tout ça : cette humanité était-elle
endormie quand nous avons vu les bulletins d’informations lors de la dernière
décennie qui nous avertissaient des attaques suicides à la bombe et la terreur pour
les civils innocents en Syrie, en Libye, en Egypte, en Palestine, en Israël, en
Afghanistan ( et la liste est longue) ? Moi aussi je suis coupable :
je sens un pincement de douleur et de choc quand je vois ces bulletins mais
après quelques instants je continue avec ma vie parce que ça ne me touche pas.
Ma famille au Nigéria est loin des attentats de Boko Haram donc après un temps
j’ai développé une certaine immunisation, même à ça.
Paris m’a ému : ça m’a fait comprendre le sentiment de vivre dans l’effroi lorsque ceux que tu aimes sont en danger de mort aux mains de ces terroristes fous. Cela m’a rappelé que ceci est seulement un exemple parmi tant d’autres. Cela a montré une caractéristique de la nature humaine : nous prêtons le plus d’attention aux choses qui nous touchent directement. Il aura fallu voir l’horreur près de chez nous pour nous rendre compte à quel point c’est horrible.
Les
attentats à Paris ont marqué un nouveau tournant : la prochaine fois que
je vois ou j’entends parler des attentats terroristes en Syrie ou en Palestine ou
dans d’autres pays, je n’écouterai pas seulement pendant quelques secondes puis
continuerai à vaquer à mes occupations. Je leur donnerai le temps qu’ils méritent,
juste comme j’ai passé du temps à suivre les nouvelles de ce qui s’est passé à
Paris, tout en sachant qu’ils partagent les mêmes maux, que ces attaques sont odieuses
et perpétrées par des individus malavisés sur des personnes innocentes. Je ne
me satisferai plus de ne pas en savoir assez sur la crise au Moyen Orient pour
suivre ce qui est en train de se passer. J’irai m’éduquer. Le meurtre est horrible,
quel que soit la couleur de peau sur laquelle c’est infligé et quel que soit le
pays.
J’aimerais
espérer que plutôt que de penser juste en bleu, blanc et rouge nous penserons
dans les couleurs du monde. L’idée novatrice de couvrir les photos de profil
des couleurs de la République est un excellent moyen de montrer de la
solidarité et du soutien avec la France, mais cela laisse les histoires jamais
racontées des pays qui vivent cette terreur tous les jours. J’aimerais voir
introduire les rayures de défi des drapeaux syrien, libyen, iranien,
palestinien, israélien, nigérien, etc. sur les profils Facebook.
La même
humanité qui m’a amené à prier pour Paris me poussera à prier pour les autres.